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Météo Les promesses à la parcelle

Il devient possible d'obtenir des données climatiques à haute résolution spatiale pour plus de précision dans le suivi des cultures.

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Les besoins des agriculteurs en matière de données météo sont complexes. Ils doivent disposer pour toutes leurs parcelles d'informations sur les conditions climatiques passées et à venir pour alimenter les outils d'aide à la décision et justifier leurs interventions.

Pour les prévisions, il est facile désormais de consulter des sites internet (par exemple sur www.lafranceagricole.fr, www.terre-net.fr, www.pleinchamp.com...), avec une localisation à l'échelle de la commune. Des applications pour smartphones et tablettes existent aussi.

Parmi les observations (temps qu'il a fait), les stations météorologiques se sont largement développées. Elles permettent d'avoir accès à de nombreuses données climatiques et agroclimatiques.

Environ 1.200 stations automatiques sont gérées par Météo-France (réparties en moyenne tous les vingt à trente kilomètres), d'autres par le ministère de l'Agriculture ou des organisations agricoles comme par exemple Demeter, qui en suit 600.

 

Certains agriculteurs en possèdent eux-mêmes. « Les stations météo ont encore de l'avenir, estime Olivier Deudon, ingénieur météorologique chez Arvalis. Les capteurs sont de plus en plus miniatures, ce qui a diminué leur coût. Le prix de la transmission a également baissé. »

 

Des services d'alerte par SMS sur le téléphone mobile sont parfois proposés, en direct des stations météo. C'est le cas chez Demeter, qui fournit à la demande des alertes vent, gel, pluie, tensiométrie, à partir des données météo basculées sur le serveur de la fédération agricole.

Le constructeur de stations, Davis, avec lequel Demeter travaille, fournit par ailleurs une application gratuite pour smartphones, faisant accéder directement aux données de sa station.

Information mieux spatialisée

Il reste que la caractérisation des paramètres météo n'est pas toujours finement mesurée à l'échelle des parcelles. Mais les nouvelles technologies permettent maintenant de l'envisager.

C'est ce que propose notamment la plate-forme Cap 2020 avec la « station météo virtuelle » (SMV), accessible sur internet, qui permet de disposer d'informations à la parcelle via les coordonnées géographiques, sans avoir à installer sa propre station.

Ce concept a été développé dans le cadre du projet Simpatic (spatialisation de l'information météorologique pour l'amélioration des techniques culturales) pi- loté par la FN3PT (1).

« Aujourd'hui, le parc de stations météo disponibles ne fournit des données fiables que pour moins de 3 % du territoire agricole », assure Denis Boisgontier, fondateur de Cap2020 en 2007, qui propose une « météo agricole à la parcelle » d'une résolution de 3 km².

Ce concept est basé sur la combinaison de technologies de spatialisation des données : il intègre à la fois des stations météo existantes (Météo-France, organismes agricoles…), des stations locales complémentaires et des données à plus large échelle provenant des réseaux mondiaux, permettant des simulations atmosphériques à très haute résolution.

Les SMV font accéder à des données d'observation et de prévision, ainsi qu'un historique, en données horaires ou journalières, pour des paramètres météo et agrométéo (ETP, température et humidité du sol…).

Pour améliorer encore la qualité des paramètres, Cap2020 pilote actuellement le projet GNSS-agri. L'idée est de mesurer l'atténuation par la pluie des ondes électromagnétiques émises par les liaisons hertziennes des récepteurs GPS.

Ce qui permettra de calculer l'évapotranspiration et la durée d'humectation des plantes, et de suivre la répartition spatiale de l'humidité relative de l'atmosphère au niveau du sol.

 

Des radars pour plus de précision

 

La technologie des radars est aussi une source précieuse de prévisions des pluies à très court terme (deux heures) ou court terme (quelques jours), ainsi que d'informations historiques sur quelques mois, essentielles pour les modèles de risque maladie par exemple.

Météo-France dispose ainsi d'un réseau de vingt-quatre radars météo sur le territoire français, avec une résolution de 1 km², c'est-à-dire une donnée tous les kilomètres carrés. Ils permettent d'anticiper l'arrivée des pluies dans l'heure qui vient, de voir leur répartition et d'indiquer leur intensité.

Les radars donnent une information spatiale et temporelle des pluies. Ils ont donc une vision plus large et plus fine, en couvrant une zone plus importante que les stations météo localisées de manière plus éclatée sur le territoire. Ils trouvent ainsi leur intérêt, notamment pour mesurer les pluviométries hétérogènes comme les orages.

Les radars complètent les données des pluviomètres, qui quantifient les précipitations ponctuellement mais qui couvrent une zone moins importante. Météo-France a d'ailleurs mis en place le service Antilope, résultant de la combinaison des deux sources d'information que sont le radar et le pluviomètre. Objectif : améliorer encore la fiabilité des mesures.

Arvalis, notamment, s'intéresse à ce service pour intégrer les données dans les outils d'aide à la décision, pour un conseil plus précis concernant les maladies par exemple (voir p. 48) et le suivi de bilan hydrique. « Cela peut servir aussi pour déterminer s'il y a eu du lessivage dans la parcelle et connaître sa praticabilité, explique Olivier Deudon. Les possibilités de valorisation sont multiples.»

Mais le coût d'un radar est tel que cette technologie n'est pas accessible à un agriculteur seul. Cela est davantage possible pour des coopératives et des entreprises privées, qui mutualisent les coûts. Il s'agit dans ce cas de radars d'une portée de 60 km environ (150 km pour ceux de Météo-France).

La coopérative Vivescia est la première à avoir fait l'acquisition, auprès de Novimet, d'un radar pluviométrique de précision qui devrait bientôt entrer en service, à Saint-Parre-lès-Vaudes, dans l'Aube, sur un silo.

« Il pourra nous fournir des données brutes sur la quantité de pluie tombée à la parcelle, résume Benjamin Domingo, responsable de la cellule service. Ce radar équivaut à 11.300 pluviomètres dans le département de l'Aube, soit un pluviomètre par km². »

Par ailleurs, l'efficacité des traitements sera rendue meilleure puisque le radar peut repérer une masse nuageuse deux à trois heures à l'avance. « Mais l'objectif de cet investissement est surtout d'améliorer la précision et la fréquence des conseils à la parcelle, en intégrant les données brutes du radar dans des outils de suivi des maladies, de la fertilisation azotée, ou du développement de la plante, souligne Benjamin Domingo. Nous allons aussi entamer une modélisation pour la grêle. »

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(1) Fédération nationale des producteurs de plants de pomme de terre.

 

Des capteurs sans fil au coeur des parcelles

 

L'avenir passe aussi par l'utilisation de plus en plus importante des capteurs sans fil, complémentaires des solutions satellites et radars. Des sociétés comme Agriscope se sont spécialisées dans cette technologie.

Ces capteurs fournissent non seulement des données météo mais aussi des mesures agronomiques comme le taux de chlorophylle, la température du couvert, l'humidité du feuillage, du sol, le nombre d'insectes, la croissance des fruits... autant d'informations complémentaires qu'il serait intéressant d'intégrer dans les outils d'aide à la décision.

Arvalis compte installer de tels capteurs dès cet été dans ses parcelles d'essais. « Demain il y aura probablement plus de systèmes autonomes pouvant fonctionner par transmission, pour mesurer par exemple l'indice foliaire, le développement des cultures de manière distante, prévoit Benoît de Solan, de l'Inra d'Avignon.

Il y aura aussi une meilleure synergie entre les différentes informations collectées : il existe en effet des capteurs qui mesurent la réflectance, d'autres mesurent la fluorescence, l'humidité du sol...

Comment synthétiser toutes ces informations ? C'est une grande piste de travail, cela se fera certainement au travers de modèles de fonctionnement de la plante intégrant ces différentes données. »

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